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Libération
grand angle

Un havre en Calabre

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Des 700 habitants que compte Riace, dans le sud de l’Italie, 230 sont migrants. Venus d’Afrique et du Moyen-Orient, ils ont relancé la vie économique de ce bourg déserté.
publié le 8 novembre 2010 à 0h00

Le village de Riace revit. Ses ruelles étaient désertes, ses maisons abandonnées, la petite commune qui surplombe l’aride côte sud de la Calabre sombrait dans le silence et la mort, sous un soleil de plomb. Depuis six ans, les commerces ont réouvert, les écoles se sont remplies, les places se sont animées. Riace revit grâce à des migrants échoués sur les côtes italiennes, fuyant la misère d’Afrique et du Moyen-Orient.

Sur ces collines qui dominent la mer Ionienne, la terre est grise comme du ciment, le soleil violent, hostile. «C'est un peu comme chez moi ici. Je m'y sens bien», dit Mari, une Afghane de 45 ans, brodant, assise sur un muret à l'ombre de l'église. Comme elle, ils sont 230 migrants désormais installés à Riace, qui compte quelque 700 habitants. Iraniens, Palestiniens, Afghans, Somaliens, Erythréens, ils sont arrivés, pour la plupart, par la mer, clandestinement. Ils sont devenus des immigrés, en règle, et ont choisi Riace. «Ils viennent presque tous du camp de Crotone, à une centaine de kilomètres d'ici, explique Tonino, garde municipal. C'est là que les autorités leur délivrent des papiers.»

De l'autre côté de la ruelle, Giacomo, retraité, campé au frais dans l'ombre de sa porte, lance : «Ici, tout le monde cohabite ! Chrétiens, musulmans, Italiens…» Une vie en équilibre qui doit beaucoup à Domenico Lucano, 52 ans, élu maire en 2004 sur le slogan «Un'altra Riace è possibile», «un autre Riace est possible». Comment ? En