La joie des ONG de lutte contre la corruption n'a d'égal que l'inquiétude des diplomates. En autorisant ce mardi la justice française à enquêter sur les conditions d'acquisition en France du patrimoine de trois chefs d'Etat africains - les présidents feu Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et Théodore Obiang (Guinée-Equatoriale), la Cour de cassation n'a pas seulement relancé, de manière spectaculaire, l'affaire dite des «biens mal acquis».
Elle crée un précédent qui pourrait donner de l'appétit à l'association Transparence international France (TIF), qui s'est constituée partie civile dans cette affaire, ou à d'autres plaignants, fondés désormais à viser les dirigeants de la planète qui ont leurs aises dans l'hexagone et dont la fortune apparaîtrait suspecte.
Du côté de Transparence international France ou de Sherpa, une association présidée par l'avocat William Bourdon, l'heure est à la satisfaction. La décision de la Cour de cassation clôt une saga judiciaire à rebondissements, entamée en mars 2007 par le dépôt d'une première plainte. Malgré une enquête préliminaire édifiante, révélant l'étendue du patrimoine immobilier mais aussi celle du parc automobile de plusieurs dirigeants africains, ou de leurs proches, la plainte avait été une première fois classée sans suite par le parquet. Suite à plusieurs rebondissements, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris avait confirmé, en octobre 2009, la décision du parquet de rejeter l'ouverture