Sur le site de Natascha Kampusch, il y a cette photo, qui la montre en apprentie conductrice souriante. Du coup, on s'était dit, tiens, voilà une question inoffensive, anecdotique, qui aidera à en faire passer d'autres. «Alors, ça y est, vous savez conduire ? !» Un grand sourire éclairerait son visage et ses yeux brilleraient comme ceux de l'enfant devant le sapin de Noël. Au lieu de quoi, regard en berne, pincement de lèvres. «J'ai échoué. Je pensais pourtant que ce serait la chose la plus naturelle au monde…» Tétanisée face à l'épreuve écrite («les examens me font peur»), tétanisée dans l'habitacle («à la fois par la responsabilité que ça impose et par le fait d'être enfermée dans cet espace étroit»). La suite de l'entretien confirmera qu'il n'est pas facile de savoir quelle conduite tenir avec Natascha Kampusch, et qu'elle-même oscille entre plusieurs directions. L'interviewer, c'est marcher sur des œufs dont la coquille craque à chaque pas.
Natascha Kampusch est cette jeune Autrichienne dont l’image a fait le tour du monde, fin août 2006. 18 ans, visage diaphane, regard azur, tête ceinte d’un foulard mauve - une sainte, une apparition. Vision d’autant plus frappante qu’il en allait en réalité d’une suppliciée-revenante-rescapée. Affolante triade.
Le 23 août 2006 en début d’après-midi, Natascha Kampusch a échappé à la vigilance maniaque de Wolfgang Priklopil, ingénieur électricien qui l’avait enlevée huit ans plus tôt. Le soir même, il se jetait s