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Libération
Reportage

Maroc : le Sahara s’embrase

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Le démantèlement de force d’un campement de protestataires a provoqué des morts à El-Aïoun.
publié le 10 novembre 2010 à 0h00

El-Aïoun a un air de ville assiégée. Sur les images postées sur YouTube, des pneus brûlent, des débris de verre et des chaises bloquent les routes comme autant de barricades improvisées. Des façades de bâtiments officiels sont caillassées. A un coin de rue, deux drapeaux de la République sahraouie ont été dressés. Un homme passe, fait le V de la victoire et crie : «Indépendance !» Ces images sont l'une des seules possibilités de voir ce qui s'est passé dans la capitale du Sahara occidental lundi. Les journalistes étrangers ont été empêchés de se rendre sur place, leur billet d'avion subitement annulé.

Toute la journée, El-Aïoun a donc été secoué par des manifestations antimarocaines réprimées par la police. Une flambée de colère provoquée par le démantèlement d'un campement de contestation pacifique ubstallé depuis un mois à la sortie de la ville. Chaque Sahraoui à El-Aïoun ou presque y comptait un membre de sa famille. «Quand, depuis le matin, tu ne sais pas où est ton père, que la route pour le campement est coupée, que tu vois les ambulances arriver en ville, c'est normal de manifester !» estime Mohamed, joint par téléphone.

L’assaut a eu lieu lundi à l’aube. Pacifique, selon les autorités marocaines, avec canons à eau et hélicoptères ; violent, selon les Sahraouis, avec matraques et gaz lacrymogènes. Bilan officiel : neuf morts, dont huit dans les rangs des forces de l’ordre. Le Polisario, organisation qui lutte pour l’indépendance de la région, parle de