Menu
Libération
Portrait

Aung San Suu Kyi: la liberté et après ?

Article réservé aux abonnés
Relâchée samedi après sept ans d’emprisonnement et d’assignation à résidence, l’opposante birmane va devoir réapprendre à connaître son pays.
Aung San Suu Kyi lors d'un discours prononcé le 14 novembre 2010 devant ses partisans à Rangoon (AFP Soe Than Win)
publié le 15 novembre 2010 à 0h00

La dernière fois qu’elle a parcouru la Birmanie en toute liberté, Aung San Suu Kyi avait rassemblé des dizaines de milliers de Birmans dans son sillage. C’était en mai 2003. Une autre époque. Depuis, le pays a subi le cyclone Nargis, une farce de référendum en mai 2008 et, enfin, une mascarade de législatives le 7 novembre qui a «civilisé» la junte militaire au pouvoir. La Birmanie a changé : elle s’est ouverte à Internet, aux téléphones portables, une petite classe moyenne a émergé ainsi qu’un embryon de société civile. La révolution safran des bonzes à l’automne 2007 n’a pas ébranlé la junte barricadée dans sa nouvelle capitale bunker, Naypyidaw, continuant à faire des affaires et à contrôler le paysage politique. Les militaires, le généralissime Than Shwe en tête, qui exècre l’opposante au point d’avoir appelé à son assassinat, ont tout fait pour marginaliser le Prix Nobel de la paix. C’est dans ce nouveau paysage qu’Aung San Suu Kyi a débarqué samedi.

incertitudes. «L'opposante-cactus» a finalement été libérée, après dix-huit mois d'assignation à résidence dont elle a écopé en 2009, quand John Yettaw s'était introduit chez elle. Comme par hasard, cet Américain illuminé avait débarqué à la nage, avec ses palmes - et sans être inquiété par les sbires du régime - quelques jours avant qu'une énième condamnation n'arrive à échéance. Sur les vingt-deux dernières années, l'opposante birmane en a passé quinze recluse dans sa grande maison du 54 University Avenue,