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Libération
Reportage

«Tout le monde a hurlé de joie»

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Devant ses supporteurs, la Nobel a appelé à une vraie opposition à la junte.
par Pauline Victor, Envoyée spéciale à Rangoun
publié le 15 novembre 2010 à 0h00

Soe Min, 28 ans, est arrivée au petit matin. Devant le bureau de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), où la «Dame de Rangoun» doit prononcer son premier discours public, c’est la foire d’empoigne. La rue est totalement paralysée. En vain, le service d’ordre tente de discipliner la foule de partisans de tous les âges, venus avec des pancartes «Su, on t’aime» ou des petits cadeaux. Malgré ses années d’isolement, Aung San Suu Kyi est toujours aussi populaire.

«Important». Sa libération, samedi à la tombée de la nuit, avait déjà été accueillie dans une atmosphère de liesse par des milliers de personnes campant à quelques pas de sa résidence. «Lorsque la police a retiré les barrières bloquant l'accès à sa maison, tout le monde a hurlé de joie, a pleuré, raconte Soe Min. Nous avons couru sous ses fenêtres pour la voir.C'est important d'être ici pour soutenir celle qui s'est tant battue pour nous.» Une guirlande de jasmin autour du cou, la Prix Nobel de la paix apparaît enfin et se saisit d'un micro, souriante, entourée des membres de son parti. «Longue vie à Aung San Suu Kyi !» clame la foule, le poing levé. La voix posée, un peu émue, l'opposante entame un vibrant discours d'une heure. Pas de surprise : elle entend bien reprendre sa place dans la vie politique de son pays. «Je veux travailler avec toutes les forces démocratiques […] pour tenter d'améliorer le quotidien des Birmans», annonce-t-elle. C'est un mess