Hier après-midi, Aung San Suu Kyi a choisi de recevoir Libération en tête-à-tête dans son bureau de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), situé dans la rue Shwegon Daing, dans le nord de Rangoun. Le siège de la LND n'avait pas accueilli autant de visiteurs depuis longtemps. Dans la grande pièce du rez-de-chaussée, où ronronnent quelques ventilateurs, les membres du parti observent d'un œil amusé la meute de journalistes birmans et étrangers qui se battent - certains depuis plusieurs jours - pour obtenir un entretien avec l'opposante birmane, libérée samedi. Tous frôlent les murs pour échapper aux regards et aux appareils photos des services secrets birmans, plantés de l'autre côté de la rue. La plupart travaillent ici clandestinement, aucun visa journaliste n'ayant été accordé depuis plusieurs mois par la junte au pouvoir. A la LND, un mini-service de sécurité empêche les curieux de monter à l'étage, où la «Dame de Rangoun» reçoit un par un les rares heureux élus, par tranches de quinze minutes. Elle se tient seule dans la pièce, accoudée à une grande table.
Comment avez-vous vécu ces premières journées de liberté ?
J’ai tellement de gens à voir. Ça n’arrête pas ! C’est ce que je fais la plupart du temps depuis ma libération… rencontrer des diplomates, des journalistes, des cadres de mon parti… des amis aussi.
Comment vous sentez-vous ?
De manière générale, je suis en bonne santé. Mais aujourd'hui, je dois vous dire que je suis t