Aba Minustah : Les graffitis en créole contre la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) font partie du décor. Depuis leur arrivée en 2004, les forces onusiennes sont considérées comme une armée d'occupation par les partisans d'Aristide (le président déchu après des manifestations populaires et l'intervention de la communauté internationale). Mais depuis quelques semaines, le ressentiment contre l'ONU gagne du terrain, aussi rapidement que l'épidémie de choléra sème la mort dans le pays.
Mi-octobre le centre d’Haïti enregistre un nombre inquiétant de décès à la suite de diarrhées aiguës. Après analyses, le verdict tombe : le choléra, une maladie inconnue dans le pays, malgré ses conditions sanitaires alarmantes. La peur gagne la population. Avec l’inquiétude vient la recherche d’un responsable. Qui a contaminé le fleuve Artibonite ? Les soupçons se portent rapidement sur la Minustah et ses soldats népalais. Une base de Casques bleus est située en bord de rivière ; le choléra est endémique au Népal : jamais le slogan «l’ONU est venue semer la merde en Haïti» n’a sonné aussi vrai à l’oreille des détracteurs de la Minustah. Les porte-parole de la mission auront beau expliquer que les déchets de ses soldats ne sont pas déversés dans la nature, le coupable est tout trouvé. Dans la ville de Mirebalais, la base incriminée devient la cible de jets de pierre. Mais l’épidémie gagnant du terrain, les hostilités s’estompent : Haïti se trouve dans l’ur