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Libération
Enquête

Sakineh : deux ou trois choses que je sais d’elle

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L’écrivain Bernard-Henri Lévy remonte le cours de l’existence de l’Iranienne, condamnée à la lapidation pour adultère.
publié le 20 novembre 2010 à 0h00

Je sais si peu de choses de Sakineh.

Je sais qu’elle est née à Oskou, une bourgade de la province de Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran, où les femmes portent le hijab, dans une famille pauvre et pieuse.

Je sais qu’elle a été institutrice à l’école maternelle de la ville qui est une toute petite école où les élèves ont de 2 à 7 ans et où l’institutrice fait tout : garde d’enfants, cantinière, nourrice pour les plus petits et, pour les grands, rudiments de lecture, de calcul, de dessin, de religion. Ce métier d’institutrice ne va pas avec l’image d’illettrée qu’on lui a faite et que tout le monde - moi compris - a reprise ? C’est vrai.

Mais, d’abord, on mélange deux choses. Sakineh est azérie. Iranienne mais azérie, née dans cet Azerbaïdjan iranien où l’attachement à la culture locale est fort et où l’on ne parle guère le persan. Illettrée, donc, en persan (ce qui explique qu’elle n’ait pas compris, lorsque le juge lui a fait signer, au tribunal de Tabriz, en 2008, son jugement de lapidation). Mais certainement pas en azéri (ce qui colle avec cette photo d’elle que je n’avais encore jamais vue mais que des amis iraniens m’ont fait passer et où on la reconnaît, au milieu de sa classe, entourée de ses petites élèves qui semblent l’adorer : elle est légèrement en retrait, drapée de la tête aux pieds dans un hijab intégral noir - juste le visage qui apparaît et d’où émane une belle et subtile gravité).

«Rjam»

Et puis, ensuite, cette histoire de verdict de lapidatio