Avec ses toits superposés chargés de dorures, ses fidèles se pressant avec des guirlandes de fleurs dans les mains et ses chiens galeux rodant dans la cour, le temple Pai Nguen Chotanaram ressemble à n’importe quelle autre pagode bouddhique de Bangkok. Derrière la haute cheminée du crématorium, à côté d’une benne débordant d’ordures, une scène insolite retient toutefois l’attention. Face à un tas de terre fraî-chement retournée, des jouets sont posés sur le sol détrempé. Des voitures en plastique encore enveloppées dans leur sachet, des ours en peluche, des habits de bébés. C’est là qu’ont été découverts ces derniers jours les restes d’environ 2 000 fœtus placés dans des sachets en plastique et sommairement enterrés.
Ecolières. Un père de famille est venu avec femme et enfants pour faire des offrandes d'animaux en peluche. «Quand j'ai vu la nouvelle à la télévision, j'ai eu pitié. Je suis venu leur apporter ces jouets pour leur donner l'enfance qu'ils n'ont pas eue et pour que leurs âmes n'errent pas sans fin»,dit-il. Des policiers enquêtaient sur des cabinets médicaux pratiquant des avortements clandestins quand ils ont fait la macabre découverte. «Ce qui les a choqués, c'est le nombre et le fait que les fœtus n'avaient pas été incinérés. L'homme en charge du crématorium affirme que celui-ci ne fonctionnait pas», explique un employé du temple.
L’affaire a choqué les Thaïlandais, d’abord parce que le bouddhisme enseigne qu’un fœtus est un êtr