Sa technologie n’est pas au point. Rien ne prouve encore que ce bouclier antimissile dont l’Otan a décidé, samedi, de doter l’Europe soit vraiment réalisable mais, aussi aléatoire soit-il, ce projet bouleverse toute la donne internationale, du tout au tout, car la Russie a accepté de s’y joindre.
Présent à ce sommet de Lisbonne, Dmitri Medvedev s'y est mis d'accord avec les 28 Etats d'une organisation militaire dont l'adversaire avait été l'URSS pour «évaluer en commun la menace posée par les missiles balistiques» - pour étudier et trouver, autrement dit, les moyens de participer «sur un pied d'égalité» à la conception et la chaîne de commandement de ce système de défense. Ils ne se sont donnés que six mois pour y parvenir. Volontariste, ce délai est court mais, pour peu qu'il soit tenu ou le soit à peu près, l'Otan et la Russie, les anciens adversaires de la guerre froide, se retrouveront intégrés au sein d'un même ensemble militaire.
Leurs scientifiques et leurs états-majors travailleront, alors, au coude-à-coude. Leurs échanges et leur intimité seront complets. Les progrès technologiques suscités par cette recherche commune seront, par définition, partagés et quand bien même le succès ne serait pas au rendez-vous, quand bien même ce bouclier se révélerait irréalisable, un nouveau bloc se sera constitué dont l’émergence est tout, sauf neutre.
La première conséquence en sera qu’un débat séculaire aura été tranché à Moscou. Les partisans d’un arrimage de la Ru