Elle a installé son échoppe brinquebalante entre le bidonville et un camp de tentes de réfugiés. Des boissons et quelques bouteilles de clairin, l'alcool du pauvre, qui ne trouvent pas client. Un peu plus loin, derrière une immense grille, le centre de traitement du choléra de Médecins sans frontières à Sarthe, dans le nord de Port-au-Prince, a été posé sur un vaste terrain vague. Assise sur une chaise, Vanessa agite sa main pour signifier qu'elle ne veut pas s'en approcher. «Là-bas, c'est les portes du malheur, lâche-t-elle en levant le bras. Moi, j'ai perdu ma maison dans le tremblement de terre, j'ai perdu des amis aussi. Et maintenant, c'est la maladie qui veut nous terrasser. Des fois, on se dit qu'on seraient mieux morts.»
Plus d'un mois déjà que le choléra s'est abattu sur Haïti. Et la maladie ne cesse de progresser. Mardi, le dernier bilan publié par le ministère de la Santé s'établissait à 1 415 morts et plus de 25 000 hospitalisations. Mais à Port-au-Prince, personne ne croit plus en ces chiffres dont tout le monde sait qu'ils sont sous-estimés. Même le coordinateur humanitaire de l'ONU dans le pays, Nigel Fisher, a reconnu que le bilan devait en fait être «plus près de 2 000 morts que de 1 000» en raison du manque d'informations en provenance de régions reculées. Les habitants, eux, ne savent plus trop quoi penser. Entre fatalisme et coups de colère.
«Incertitudes». A Cap-Haïtien, dans le nord du pays, des manifestations o