Les deux avions passent et repassent dans le ciel de Port-au-Prince et lâchent leurs nuages de tracts. Les gamins courent dans tous les sens et s’arrachent les morceaux de papier jaune et vert marqués du numéro 10. Le message est assez simple: «Jude Célestin prezidan». Tout autour, la foule a commencé à se rassembler à l’intersection de la route de Delmas et de l’avenue Martin Luther King.
Le candidat du pouvoir, choisi par le président René Préval, a installé un immense podium qui bouche toute la circulation. «C'est lui le meilleur, c'est lui qui va gagner», hurle une jeune fille en transe qui se déchanche au son du kompa, la musique traditionnelle haïtienne. Ce qui est sûr, c'est que Jude Celestin a décidé de mettre le paquet dans les dernières heures de la campagne présidentielle.
Loin derrière la favorite, Mirlande Manigat
Personne ne s'attendait à voir cet ingénieur bâtisseur de routes sans expérience politique arpenter le pays pour prendre la tête de l'Etat. Mais à la surprise générale, l'actuel Président René Préval, qui ne pouvait plus se présenter après ses deux mandats, en a fait son poulain officiel. Peut-être, disent certains Haïtiens, parce que Célestin est le fiancé de sa fille. Une façon de garder éventuellement la main sur le pouvoir, alors que Préval a déjà laissé entendre qu'il serait intéressé par un éventuel poste de Premier ministre, «à la Poutine».
L’appui de Préval semble pourtant avoir été un handicap pour le candidat Célestin. Depuis des mois, surtout après le tremblement de te