Menu
Libération
Reportage

A Léogâne, épicentre du séisme, même Dieu n’a pas de maison

Article réservé aux abonnés
Détruite à 60%, la ville de 50 000 habitants survit sans avoir rien vu de l’aide promise.
publié le 27 novembre 2010 à 0h00

Du collège «Salomon Roosevelt ci-devant Clair de Lune», il ne reste rien. Juste une banderole sur le mur d'enceinte. Le bâtiment de trois étages s'est effondré le 12 janvier lors du séisme. Presque un an après, c'est toujours le règne de l'éphémère. L'immeuble a été remplacé par des tentes sous lesquelles les enfants tentent de suivre les classes dans le brouhaha. Planté dans la cour, le directeur, Monsieur Salomon, blazer et cravate sous le cagnard, reste digne malgré son désespoir. «Je ne sais pas trop quoi vous dire. On a prétendu cent fois qu'on allait m'aider mais rien ne s'est passé. Personne du gouvernement ne s'est déplacé. Les ONG passent mais elles ne font que des promesses.» Il soupire puis marche vers le cours de maths. «Ah si, dites quand même que l'Unicef nous a donné cinquante petits bureaux. C'est toujours mieux que rien. Je ne sais pas comment c'est ailleurs, mais ici, ils nous ont oubliés.»

Echoppes. Ici, c'est à Léogâne, à 30 kilomètres à l'ouest de Port-au-Prince. La ville, qui était à l'épicentre du séisme, a été détruite à 60% durant le tremblement de terre et donne l'impression de ne s'être jamais relevée. Dès les faubourgs, les gravats s'accumulent sur les trottoirs. Les magasins ont disparu, remplacés par des échoppes de fortune encastrées entre les pierres.

La bourgade de 50 000 habitants est devenue malgré elle l'exemple le plus frappant de l'échec de la reconstruction du pays. A l'approche de l'anniversaire du séis