Haïti sera-t-il toujours ce «pays sans aurore», comme le dit l'un de ses poètes, James Noël? Un pays maudit, un peuple sacrifié. Après le tremblement de terre, des ouragans dévastateurs, puis une épidémie de choléra, «un état de catastrophe permanent», comme le dit Gary Victor, un autre poète de cette île riche de magnifiques écrivains. En trente ans, la communauté internationale et ses armées sont intervenues huit fois à Haïti. Les Américains, l'ONU, les Français… Sans que ne change la misère absolue de ses 10 millions d'habitants, dont plus de la moitié est analphabète et vit en dessous du seuil de pauvreté. Haïti est un échec absolu de la communauté internationale, de ses méthodes d'aide impériale et de son appareil humanitaire.
Si les politiciens parasites de ce pays sans Etat changent, leurs manières de se partager le gâteau de la corruption et de l’aide perdurent. C’est pourquoi les Haïtiens voient avec autant de scepticisme l’élection présidentielle de dimanche. Elle sera sans doute aussi régulière qu’elle peut l’être dans ce pays dévasté. René Préval et son successeur sont certes un moindre mal que les Duvalier ou qu’Aristide. Certains prônent une mise sous tutelle du pays, mais elle serait insupportable dans cette «République noire» justement si fière de son indépendance durement gagnée dès 1804. Le salut ne peut venir que des Haïtiens eux-mêmes avec le soutien réel, efficace et désintéressé de la communauté internationale. En créole, rêve se dit «r