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Pinochet, prisonnier de l’humanité

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Dans les archives de «Libé», il y a 12 ans. Le jour même de son 83e anniversaire, les lords anglais ont rejeté l’immunité du général Pinochet, qui peut désormais être extradé vers l’Espagne et n’échappera plus aux plaintes des familles de disparus.
publié le 27 novembre 2010 à 0h00

Pinochet aura dû attendre la décision de lord Hoffmann, se levant après ses quatre collègues divisés - deux en faveur de l’immunité, deux contre - dans la pénombre de la Chambre des lords, pour connaître son sort. A 14 h 07, le cinquième lord de la commission juridique chargée de statuer en appel sur l’arrestation, le 16 octobre, du dictateur chilien, a jugé que Pinochet ne bénéficiait pas de l’immunité souveraine que lui avait accordée la Haute Cour. Trois contre deux, Pinochet avait perdu.

Une décision historique qui, non seulement scelle le sort de Pinochet, mais confirme aussi avec éclat l'universalité de juridiction pour les abus graves et systématiques des droits de l'homme. Dès l'arrêt connu, les familles des victimes de la dictature chilienne présentes à Londres ont laissé éclater leur joie devant la Chambre des lords et l'ambassade, satisfaites qu'enfin la justice rejoigne le commanditaire des tueurs de leurs parents et amis. «Happy Birthday, Pinochet !» criaient les manifestants au général qui fêtait hier son 83e anniversaire.

Le général doit désormais répondre de la demande d’extradition pour crimes contre l’humanité, génocide, torture et kidnappings, lancée par l’Espagne et suivie depuis de demandes similaires de la Suisse, de la Belgique et de la France. La décision surprise des lords, des magistrats indépendants qui servent d’ultime cour d’appel, signifie que le général doit rester en Grande-Bretagne sous contrôle judiciaire et sous surveillance polici