L’avalanche de documents américains publiés par WikiLeaks est une photographie assez réaliste des préoccupations du moment de la diplomatie américaine. Ces télégrammes, comptes rendus, mémos et autres notes révèlent une véritable obsession iranienne, dossier prioritaire et objet de tous les attentions des diplomates américains. Discussions serrées avec Israël, communications secrètes avec les pays arabes, coordination méfiante avec les Européens, bras de fer avec la Russie et la Chine, suspicions envers la Corée du Nord : tout est analysé, décortiqué, interprété au prisme du programme nucléaire iranien.
La principale révélation - ou plutôt confirmation - de ces communications tous azimuts tient dans l'exposé au grand jour du double langage des dirigeants arabes. Alors qu'en public, ils appellent à un règlement pacifique du problème iranien, en privé, ils poussent Washington à passer à l'action contre le grand rival perse et chiite. Ainsi, le compte rendu d'une entrevue avec l'ambassadeur saoudien à Washington, en avril 2008, mentionne les appels réitérés du roi Abdallah d'Arabie saoudite «à attaquer l'Iran pour mettre fin [à son] programme nucléaire». Il parle même, dans le langage imagé des Bédouins, de «couper la tête du serpent». On se souvient qu'il avait confié, selon le Figaro, à Hervé Morin, alors ministre de la Défense, que «deux pays ne devraient pas exister», faisant référence à Israël et à l'Iran. Le roi Abdallah menaçait aussi,