C’était l’enquêteur qui avait tout découvert. Et son témoignage aurait sans doute pesé lourd dans l’acte d’accusation du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé de faire la lumière sur l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005, qui doit être rendu public d’un jour à l’autre et dont les conclusions risquent de faire exploser le Liban. Mais Wissam Eid a été lui aussi tué en banlieue de Beyrouth dans un attentat à la voiture piégée, le 25 janvier 2008.
Génial ingénieur en électronique, il avait été recruté quelques années plus tôt par les services de renseignements des FIS, l’équivalent libanais de la gendarmerie. Après l’assassinat de l’ex-Premier ministre et de 22 autres personnes, ses supérieurs lui avaient demandé d’enquêter sur les communications téléphoniques passées autour de l’hôtel Saint-Georges, près duquel s’était produite l’explosion. Ce que l’officier avait réussi à mettre au jour, c’est que Hariri était suivi depuis plusieurs semaines par une mystérieuse équipe dont les téléphones portables ne leur servaient qu’à communiquer entre eux et qui, sitôt l’attentat perpétré, s’étaient tus. Il venait de découvrir la piste de l’escadron de la mort.
Puis, il avait identifié huit autres appareils utilisés par le même commando pour téléphoner cette fois avec une organisation plus large, et qui étaient en place depuis au moins un an.Ces deux réseaux allaient être plus tard baptisés le «réseau rouge» et le «réseau bleu» par la commission d’enquête sous supervision de