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Libération
TRIBUNE

La philosophie mise au défi par le «bullying»

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par François Noudelmann, Professeur à Paris-VIII et Avital Ronell, Professeur à la New York University
publié le 2 décembre 2010 à 0h00

Une nouvelle loi vient d'être adoptée dans l'Etat de New York. Elle vise à protéger contre un type d'agression peu identifiable par les grands discours sur la violence au XXe siècle : le bullying. Ce mot circule largement aux Etats-Unis et désigne des stratégies de harcèlement qui ont conduit à de nombreux suicides parmi les adolescents. Il renvoie à toutes les techniques de brimades, d'intimidation et de menaces contre des personnes fragiles. Et même la presse infantilise Obama en évoquant sa dérouillée par les républicains, et sa difficulté tragique à répondre au bullying en fait un personnage shakespearien. Cette perception dégradante vient toutefois d'un autre ring.

Sous-phénomène de la violence identifiée, le bullying établit l'école comme espace de meurtre clandestin, hors de la surveillance institutionnelle. Le cyber-harcèlement participe à cette extension du bullying, les proies se laissant capturer par des réseaux sociaux sur le Net. Mais la volonté de légiférer contre ces agressions délétères se heurte à leur nature indéfinissable et risque de renforcer la logique d'hypercontrôle.

Le mot n’ayant pas encore de traduction française, on croirait que le phénomène reste typique de la violence aux Etats-Unis. Toutefois, l’aveuglement français quant aux formes de tyrannie domestique ou de brutalités scolaires commence à tomber. Face à la violence de plus en plus radicale qui touche les établissements scolaires, deux thèses se r