«On nous cache tout !» Cette phrase résume l'état d'esprit qui se développe dans les démocraties occidentales, moins avides qu'on ne pourrait le penser de transparence absolue qu'atteintes de syndromes paranoïdes. C'est cette thèse conspirationniste, exploitée par des séries télévisuelles cultes comme X Files et actualisée par le 11 Septembre, qui constitue le fonds de commerce de sites comme WikiLeaks. Ces sites, qui se sont fait une spécialité de la fuite d'informations, rencontrent un succès grandissant sur le Web. Il n'est pas sûr, d'ailleurs, que la reprise de leurs révélations «top secret» par les grands médias ne finisse par tuer la poule aux œufs d'or, car quel est, pour le commun des mortels, l'intérêt d'une information secrète lorsqu'elle perd, avec son secret, la jouissance pour ceux qui la connaissent de faire partie de «ceux qui savent» ?
Menace. Mais le problème posé aujourd'hui par la divulgation de notes d'ambassades et de propos tenus off the record par des chefs d'Etat sur leurs pairs ou sur le sort du monde n'est pas là. Heureusement que nous ne sommes plus à l'époque où un coup d'éventail ou un adjectif déplacé pouvaient déclencher des guerres ! Faut-il voir là le signe d'une maturité de nos démocraties ? Pas sûr. On a beaucoup glosé sur les dangers que représente pour les Etats le déballage sur la place publique de leurs arrière-pensées et de leurs motivations inavouables. Et il est vrai qu'une telle divulgation représen