Son heure est arrivée. Alassane Dramane Ouattara - surnommé Ado par ses supporteurs - attendait ce moment depuis bientôt deux décennies, c’est-à-dire la mort du «père de l’indépendance», Félix Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993, dont il a été l’unique Premier ministre.
Pour cet homme posé, au débit lent, qui se présente comme le meilleur économiste du pays, la mise en cause de son «ivoirité» par ses adversaires politiques a toujours été autant une blessure qu’une injustice. C’est dans le centre du pays, à Dimbokro, qu’il est né en 1942. Mais c’est au Burkina Faso qu’il a grandi. Son père, issu d’une prestigieuse famille de commerçants du nord de la Côte-d’Ivoire, y a développé ses activités. Mais, à l’époque, les frontières entre la Côte-d’Ivoire et l’ex-Haute-Volta ne signifiaient pas grand-chose. Après des études aux Etats-Unis, Ouattara gravit les échelons du FMI muni d’un passeport burkinabé.
Entente. En 1990, Houphouët-Boigny appelle ce brillant technocrate au chevet d'une Côte-d'Ivoire en proie à une crise sévère depuis la chute des cours du cacao. Au pays, Ado applique les politiques d'ajustement structurel en vogue à Washington sans barguigner. Après la disparition du «Vieux», Ouattara s'estime le plus compétent pour lui succéder. Marié à une Française, Dominique, il possède un carnet d'adresse impressionnant : il connaît Strauss-Kahn, Sarkozy, qui l'a marié à Neuilly… Mais le président de l'Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, un Baoulé comme Hou