Depuis vendredi soir, la Côte- d’Ivoire a deux présidents : Alassane Ouattara, déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI), approuvée par l’ONU, et Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat sortant, adoubé par le Conseil constitutionnel, chargé de valider les résultats du scrutin du 28 novembre. Retour sur la journée où tout a basculé.
6 heures, quartier du Plateau. Une pluie torrentielle s'abat sur une ville libérée par la fin du couvre-feu, en vigueur depuis le début de la semaine à partir de 19 heures. De rares véhicules traversent les deux ponts surplombant la lagune, surveillés par les militaires ivoiriens.
La veille, le président de la Commission électorale indépendante a proclamé la victoire de l'opposant Alassane Ouattara, avec 54,1% des voix, contre 45,9% à Laurent Gbagbo. Des résultats aussitôt jugés «nuls et non avenus» par le Conseil constitutionnel. Son président, Paul Yao N'Dré, un proche du chef de l'Etat sortant, comme tous les autres membres du Conseil, a promis les «résultats définitifs dans les prochaines heures». La télévision nationale (lire ci-contre) a annoncé la fermeture des frontières du pays et la suspension des chaînes étrangères, accusées de jeter de l'huile sur le feu. A Abidjan, chacun retient son souffle. Ce vendredi encore, les écoles sont restées fermées. Le quartier d'affaires du Plateau est quasi désert. L'économie tourne au ralenti. Et la population est partagée entre lassitude et angoisse.
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