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Libération
Reportage

La télévision nationale enchaînée au pouvoir

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La RTI a censuré l’annonce de  la victoire de l’opposant.
publié le 4 décembre 2010 à 0h00

Vendredi, c’était programme unique sur les écrans de la Radio Télévision ivoirienne (RTI) : la déclaration du président du Conseil constitutionnel entérinant la victoire de Laurent Gbagbo passait en boucle. En revanche, les téléspectateurs n’auront pas vu le représentant de l’ONU en Côte-d’Ivoire, Choi Young-jin, certifier l’élection d’Alassane Ouattara, comme l’avait proclamée la veille le président de la Commission électorale indépendante, Youssouf Bakayoko. Jeudi soir, le pouvoir a suspendu les chaînes étrangères diffusant dans le pays.

Depuis le second tour de la présidentielle, la RTI est plus que jamais sous le strict contrôle du pouvoir de Laurent Gbagbo. En attendant les résultats de l'élection, la chaîne avait échauffé les esprits en multipliant les reportages sur des «violations massives» commises, selon le régime, dans la moitié nord du pays à l'encontre des sympathisants du candidat Gbagbo pour mieux fausser les résultats. On a pu voir, durant de longues minutes, des hommes blessés à la tête par des coups de machette et des femmes éplorées. A leur chevet, l'ex-leader des Jeunes patriotes Charles Blé Goudé répétait : «C'est méchant, c'est méchant…»

La RTI a ouvert son antenne à d'obscurs «observateurs africains» jugeant que l'élection dans la partie contrôlée par les ex-rebelles n'était «pas démocratique». Les conclusions des équipes de l'ONU et des observateurs de l'Union européenne, qui n'ont relevé que des incidents isolés et q