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Portrait

Le comique Guo Degang arrête l’humour du risque

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publié le 4 décembre 2010 à 0h00

Guo Degang, l’un des comédiens humoristes les plus célèbres de Chine, fait enrager depuis des années les autorités. Il compare les policiers à des voyous, les fonctionnaires à des voleurs, et les journalistes des médias officiels à des prostitués. Sa carrière de poil à gratter paraît néanmoins aujourd’hui terminée. Il a fini par rentrer dans le rang. Son histoire est celle de nombreux artistes chinois qui, sous pression des autorités, sont passés de l’impertinence au conformisme.

Guo est la star incontestée du Xiangsheng, spectacle traditionnel dans lequel un humoriste se fait donner la réplique sur scène, comme s’il engageait une conversation. Jeux de mots, allusions, rimes, gouaille, tout est bon pour se moquer des puissants. Son audace lui a amené des millions de fans et des revenus dignes d’un millionnaire. Il s’est vu écarté du grand gala télévisé de la Fête du printemps, qui attire chaque nouvel an des centaines de millions de téléspectateurs et une multitude d’artistes. Guo Degang, amer, n’en devint que plus vitriolique. Il s’attaqua aux commissaires du département de la propagande et aux artistes officiels qui lui déplaisaient.

Guo s'estimait protégé par sa popularité. Il se trompait. Sa purge prit la forme d'une campagne politique visant les «trois vulgarités», à savoir : «L'obscénité, la grossièreté et le prosaïsme.» Lancée cet été par le Président, Hu Jintao, en personne, la «chasse au vulgaire» ne visait que Guo. Début août, une équipe de