Ils l'ont évidemment repéré de loin, avec sa tête de premier de la classe, son uniforme bleu impeccable, sa raideur militaire et ses insignes dorés. Lui, c'est Christian Schneider, capitaine de la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande. Eux, ce sont les apprentis cuisiniers de l'école hôtelière Brillat-Savarin, à l'est de Berlin : mèches blondes teintées de bleu ou crânes de rappeur, iPod sur les oreilles et clope roulée au coin du bec. Mais il en faut plus pour dérouter le capitaine Schneider. Quand il descend dans les écoles, il a l'habitude des yeux écarquillés ou moqueurs et des rires sous cape : «Je suis officier pour la jeunesse. C'est une fonction qui n'existe dans aucune autre armée au monde, affirme-t-il fièrement. Mon rôle est d'expliquer aux jeunes quels sont les rapports entre l'armée et la société, entre la sécurité et le développement économique et social. Avec la suppression prochaine du service militaire, le passage à une armée de métier et l'engagement de nos soldats dans des combats à l'étranger, nous devons renforcer le dialogue avec les jeunes.»
Pour les associations pacifistes, Christian Schneider n'est rien d'autre qu'un sergent recruteur. «Pas du tout, rétorque-t-il, piqué au vif. Je n'ai d'ailleurs pas le droit d'informer les élèves sur les conditions d'admission dans l'armée ou sur les salaires.»
«J'ai invité M. Schneider dans le cadre des cours d'éducation politique qui sont dispensés dans toutes les écoles d'Allemagne.