Marqués comme nous le sommes, en France, par un demi-siècle d’héritage gaulliste et deux siècles de fractures idéologiques remontant à la Révolution, nous ne pouvons que rire (à droite) ou pleurer (à gauche) du spectacle donné par les socialistes.
On ne peut qu’y dénoncer une foire d’empoigne car nous ne pouvons comprendre qu’ils alignent tant de candidats à la candidature alors que la dignité de leur famille politique leur demanderait, dans notre culture, d’être unis autour d’un corps de valeurs incarné par un homme. On ne sait y voir qu’une compétition d’egos car nous ne pouvons admettre que tant de ces aspirants à la présidence de la République soient si peu blanchis sous le harnais alors que cette fonction reste, à nos yeux, réservée à des personnalités façonnées par l’histoire et plusieurs décennies de combats obligatoirement tragiques.
Pour nous, un Président, un vrai, c’est Charles de Gaulle à droite, François Mitterrand à gauche, deux hommes issus de la guerre, évacués de la scène politique par le front des médiocres et ressuscités par une superbe de monarque et une inébranlable foi en leur destin. Pour nous, un Président doit être hors du commun, Bonaparte ou Louis XIV, une incarnation de cette exception française à laquelle nous n’entendons pas renoncer mais peut-être la réalité a-t-elle changé sans que nous ne l’ayons réalisé.
Peut-être notre théâtre politique s’est-il américanisé pour deux raisons qui ont banalisé la France sans que nous ne l’ayons souhaité. La prem