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Libération

En Argentine, la castration des prisonniers en débat

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par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 9 décembre 2010 à 0h00

«Couic !» Un geste imitant un coup de ciseau et quelques quolibets colorés accompagnent en permanence douze détenus de la prison de Mendoza depuis quelques semaines : ils ont accepté de se soumettre à un traitement de castration chimique volontaire. En échange de leur participation, pas de remise de peine mais des visites familiales supplémentaires, ainsi que des promenades et des douches en plus.

«Castration, c'est un mot qui me fait peur, confie Pedro, condamné à sept ans pour viol avec violence. On m'a dit qu'il y avait des effets secondaires, qu'il allait me pousser des seins et que je n'aurai plus de barbe. Est-ce que je serai toujours un homme, un macho après ? Mais c'est trop dur la prison ici, j'ai signé parce que ça va rendre ma vie plus facile.» Celso Jaque, le gouverneur de cette province vinicole située aux pieds de la cordillère des Andes, est à l'origine de l'initiative : «Les chiffres sont terrifiants. On enregistre un viol tous les trois jours, ce qui est énorme pour une province d'1,7 million d'habitants. Et 38% des violeurs sont récidivistes. Il m'était impossible de rester les bras croisés face à cette situation, il fallait tenter quelque chose.» Un comité composé de psychiatres, médecins et sexologues s'est réuni durant plusieurs mois pour mettre au point un «traitement intégral», pharmacologique et psychologique. L'injection quotidienne d'un cocktail d'hormones et de peptides devrait inhiber le foncti