Comment vit-on à Athènes quand on est jeune, après sept mois de mise sous tutelle par l’Union européenne et le FMI, tandis que la nation s’embourbe dans sa pire crise économique et sociale depuis trente-cinq ans ? Sobrement et avec parcimonie. Les cafés sont presque vides en début de semaine, avant de se remplir à peine les vendredis et samedis soir, même dans le quartier branché de Kolonaki.
A quelques rues de là, dans le secteur d’Exarchia, berceau des mouvements de contestation, il y a le «parc du parking» - un terrain vague squatté par des militants - lieu de rendez-vous hautement symbolique depuis deux ans : il est situé à quelques pas du coin de rue où Andreas Grigoropoulos, un lycéen de 15 ans, a été tué, le 6 décembre 2008, par un policier en marge d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre.
Cette bavure avait déclenché un mois de violences urbaines dans une Grèce déjà en crise. Elle est, depuis, devenue une date majeure du calendrier de la crise grecque, et du malaise étudiant : cette année comme l’an dernier, le 6 décembre a été commémoré par des manifestations de jeunes, principales victimes de la politique d’austérité.
Le soir venu, ils sont donc nombreux à se retrouver au «parc du parking» pour discuter, jusque tard dans la nuit. Mais désormais, on y boit des bières achetées à l’épicerie du coin plutôt qu’au bar où les prix sont devenus inaccessibles pour «la génération 700 euros» - le salaire minimum devenu le salaire normal. Si normal que cette jeunesse a