Menu
Libération
Par Bernard-Henri Lévy

Le dégoût et, encore, l'espérance

Article réservé aux abonnés
Sakineh n'a pas été libérée. On n’épiloguera pas sur la pitié (pour la victime), le chagrin (de ses partisans). L’essentiel, à ce point, est d’essayer de comprendre: et ce qui s’est réellement passé, et les leçons qu’il est possible, voire nécessaire, d’en tirer.
publié le 10 décembre 2010 à 20h25
(mis à jour le 11 décembre 2010 à 11h11)

On n'épiloguera pas sur la pitié (pour la victime), le chagrin (de ses partisans), non plus que sur l'incroyable emballement qui a suivi la fausse nouvelle de la libération de Sakineh. L'essentiel, à ce point, est d'essayer de comprendre: et ce qui s'est réellement passé, et les leçons qu'il est possible, voire nécessaire, d'en tirer.

Première leçon. L’insondable cruauté de ces gens. Ces pauvres photos de Sakineh et de son fils entrés (sous quelle menace hors champ, mais qui crève les yeux?) dans cette mascarade abjecte. La petite maison familiale où on les a fait revenir pour, l’espace de quelques heures, reconstituer un crime dont tout le monde (à commencer par la justice iranienne qui a, elle-meme, conclu en ce sens il y a quatre ans) sait que Sakineh ne fut ni l’auteure ni la complice. La scène, que l’on imagine sans peine, d’une Sakineh à bout de forces et prête à tous les aveux qu’on lui demande; d’un Sajjad coupé du monde depuis des semaines, revoyant sa mère pour la première fois depuis des mois; et, pour eux deux, pour la mère et le fils rassemblés en cette lugubre cérémonie de retrouvailles, l’injonction faite de jouer aux vivants normaux, libres d’aller, de venir, de se chauffer au soleil. Torture morale. Torture tout court. Les nazis organisaient des simulacres d’exécution. Les Iraniens raffinent et produisent des simulacres de libération. C’est la même chose.

Bras d'honneur

Deuxième leç