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Analyse

L’allergie chinoise à la démocratie et aux «valeurs occidentales»

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Même si la population ignore qui est Liu Xiaobo, les autorités en ont fait une cible.
publié le 11 décembre 2010 à 0h00

«Un sinistre complot de l'Occident» fomenté par les «clowns» du comité Nobel : le gouvernement chinois et son Département central de la propagande ont empoigné l'affaire Liu Xiaobo avec une vigueur qu'on ne lui connaissait plus depuis la répression de Tiananmen, au printemps 1989. L'exubérante et virile indignation du parti serait provoquée par la volonté de l'Occident de «convertir le monde à ses valeurs», écrit un éditorialiste officiel. Qu'importe si à Taïwan - territoire chinois-, le président Ma Ying-jeou a exigé la libération immédiate du Nobel emprisonné («les droits de l'homme n'ont pas de frontières», a-t-il dit), le PC chinois entend présenter le duel autour de la décision du comité norvégien comme un nouveau conflit des civilisations. «Certaines personnes croient avoir pour mission de convertir le reste du monde aux valeurs occidentales, poursuit l'éditorialiste en déclinant un amalgame audacieux. Ils n'osent pas, dans le cas de la Chine, recourir à la force comme ils l'ont fait en Irak et en Afghanistan, et se rabattent donc sur leur seconde tactique consistant à soutenir ceux qui, à leurs yeux, représentent leurs valeurs.»

Web censuré. Le péril est grand, assure un expert cité par l'agence Chine nouvelle, car si le peuple chinois appliquait les préceptes prêchés par Liu Xiaobo, «le pays sombrerait certainement dans la guerre et le chaos». Ces cris de ralliement effrénés ont d'autant p