Dans sa prison de Jingzhou où il purge une peine de onze ans de prison pour «tentative de subversion du pouvoir de l'Etat», des officiels auraient proposé il y a quelques semaines un marché à Liu Xiaobo : un départ en exil en échange d'une confession. «Il a refusé», assure l'un de ses amis. «Liu Xiaobo n'acceptera qu'une libération sans condition», confirme son avocat, Shang Baojun.
Le Nobel de la paix chinois a depuis longtemps choisi sa vocation. «Il est probable que ma personnalité me condamne à toujours frapper ma tête contre les murs, écrivait-il voilà plus de vingt ans à son ami le sinologue australien Geremie Barmé. J'accepte ce destin, même si au bout du compte je m'y briserai le crâne.» Personnalité complexe, Liu n'a pas toujours suivi ses propres principes. Arrêté pendant la répression sanglante du mouvement étudiant de la place Tiananmen en juin 1989, il est accusé, dans le langage fleuri de l'époque, d'«incitation au comportement contre-révolutionnaire». Il sort de prison un an et demi plus tard, non sans avoir rédigé une autocritique. Il ne fera plus jamais de compromis. «Liu a un courage moral indiscutable. Il a toujours élevé la voix alors que c'est si difficile de le faire en Chine», juge Barmé.
Rééducation. Lorsqu'il est libre, Liu est harcelé par la police, mis sous écoute, convoqué, critiqué, surveillé, suivi. C'est le lot de tous ceux qui, en Chine aujourd'hui, défient le pouvoi