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Libération
EDITORIAL

Echec

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publié le 15 décembre 2010 à 0h00

Berlusconi est une cible facile : les Italiens ne s’en privent pas, les amis américains, selon les câbles du Département d’Etat, ne sont pas dupes et le reste de l’Europe s’amuse ou s’offusque de ses frasques et de ses liaisons douteuses. Il reste que l’homme a été trois fois élu au suffrage universel. Hier, au Parlement, il a encore échappé - de justesse néanmoins - à la trahison de l’un de ses protégés, Gianfranco Fini.

Plutôt que d’accuser et de critiquer l’homme et ses milliards, ne faut-il pas se demander si Berlusconi n’est pas finalement la métaphore de l’Italie, ou du moins d’une certaine Italie ?

Dans la péninsule, les antiberlusconiens essaient de se rassurer en accusant son tentaculaire empire médiatique d’avoir lavé le cerveau de ses concitoyens. L’explication est un peu courte. La presse écrite reste vivace et diverse, et au moins une chaîne, Rai 3, montre son indépendance. Les succès de Berlusconi sont l’échec de l’opposition. Comme si en Italie, il n’y avait eu depuis seize ans aucune autre option que le Caïman. Ni à droite ni à gauche. Que ces derniers mois, les attaques de la presse et de ses opposants se soient concentrées sur sa vie privée, aussi ridicule soit-elle, et non sur son programme et son action politiques montrent bien leurs limites. L’opposition, si elle veut revenir au pouvoir en Italie, ne peut se limiter à l’antiberlusconisme. En près de deux décennies, elle n’a jamais su présenter un homme (ou une femme) convaincant et une politique cohérente