Même ses adversaires les plus acharnés le reconnaissent : Silvio Berlusconi est une bête politique. Un animal vorace et au cuir dur. D'où ce surnom de «caïman», dont Nanni Moretti a fait le titre d'un film pamphlet. Depuis seize ans, Il Cavaliere règne sans partage sur la droite italienne. Trois fois président du Conseil, ce tycoon des médias est tout à la fois l'homme le plus riche et le plus puissant du pays. Et il ne compte pas jeter l'éponge. «Je m'entraîne à souffler mes 110 bougies», lançait-il en septembre, en fêtant son 74e anniversaire. Bien sûr, c'était pour rire. Quoique… Il rêve toujours de devenir en 2013 président de la République, lequel est, en Italie, élu par les députés et les sénateurs. Au prestige inhérent à la fonction par ailleurs dénuée de véritables pouvoirs, il y gagnerait surtout une garantie d'impunité pour ses nombreuses casseroles judiciaires.
Mégalo. Silvio Berlusconi est riche, très riche, et aime le montrer lors de fêtes felliniennes dans ses rutilantes villas ou avec des cadeaux à ses hôtes. Mégalo, il l'est aussi. «Mon gouvernement est le meilleur qu'a eu l'Italie en cent cinquante ans», répète-t-il volontiers. Certes, les indicateurs économiques transalpins, y compris le déficit public (5%), sont plutôt meilleurs qu'en France et la dette, très élevée - 118% du produit national brut -, est à plus de 70% aux mains des Italiens, ce qui met le pays relativement à l'abri de la spéculation des