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Libération

Géopoétique de la glace

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Points de vue et cartes du monde avec les Editions Autrement
par Eric Canobbio
publié le 18 décembre 2010 à 0h00

«Dès le commencement des explorations polaires, à la fin du XVIIIe siècle, Grand Nord et Grand Sud ont alimenté une littérature singulière et abondante. Les cartes présentées ici ne sont qu'un paysage partiel d'une production d'œuvres destinées au grand public. L'idée du "Grand Nord" dans l'imaginaire des civilisations tempérées est étroitement liée au renouvellement permanent du genre littéraire polaire. Curwood ou London décrivent le Grand Nord forestier et amérindien des ruées vers l'or du Yukon que fixera sur la pellicule Charlie Chaplin en 1925. Viennent ensuite le pionnier et ses rêves déchus, la misère blanche, la rencontre avec les peuples amérindiens, la figure du Blanc, trappeur, ou membre de la police montée canadienne qui "sait le Nord", le chien de traîneaux et le bestiaire sauvage, le loup, l'ours, et les animaux ressources pour la collecte des peaux. A l'opposé du pôle Sud, où l'absence d'autochtones transforme de fait le scientifique explorateur en héros exclusif des exploits et des drames.

«Dès les années 30, le récit exploratoire abandonne le grand Nord à l'étude éthnologique. Certaines régions comme la côte Est du Groënland dès 1935 avec l'œuvre de Paul-Emile Victor, et la baie d'Hudson dans les récits des missionnaires catholiques en "terres esquimaudes" deviennent les territoires centraux de la production littéraire polaire. Ainsi, Roger Buliard publie, en 1957, Inuk, au dos de la Terre, un ouvrage âpre et désenchant