Alexandre Loukachenko est au pouvoir depuis seize ans et il a bien l'intention d'y rester. Candidat à sa propre succession à la présidentielle de dimanche, le chef de l'Etat biélorusse, souvent qualifié de dernier dictateur d'Europe, le dit ouvertement : «Il y aura des changements politiques mais pas de changement de pouvoir.»
L'ancien directeur de kolkhoze aujourd'hui âgé de 56 ans, un populiste qui a maintenu un système d'économie dirigiste, semblait, cet été, sur le point d'être lâché par Moscou. Il y a quelques mois, la télévision du grand voisin russe a diffusé un documentaire sur le «parrain» de Minsk, revenant sur les disparitions de quatre de ses opposants à la fin des années 90. D'autres reportages ont dénoncé les fraudes électorales de celui qu'on surnomme Batka («petit père») dans son pays. Le président russe, Dmitri Medvedev, a enfoncé le clou en le traitant d'«antirusse».
Derrière ces manifestations de mauvaise humeur, il y a plus de désaccords économiques que politiques. Au cœur du conflit, la guerre du brut, Moscou reprochant à Minsk de revendre à bon prix le pétrole et le gaz acquis bon marché au nom de l’amitié entre les deux pays. La Russie a donc haussé ses tarifs et Loukachenko s’est tourné vers le Venezuela et l’Union européenne pour les hydrocarbures. Bruxelles a carrément promis 3,5 milliards d’euros de prêts si Minsk se montrait capable d’organiser des élections transparentes.
Pour la première fois depuis l’élection de