Une nouvelle fois, la Tunisie a été secouée, ce week-end, par une émeute sociale, qui a pris un tour violent. Ces «jacqueries» à répétition sont, tout à la fois, le symptôme d’un profond malaise social dans un pays cité en exemple pour sa croissance économique et son modèle de développement, mais aussi celui d’une violence croissante envers les symboles du pouvoir.
Cette fois-ci, c’est Sidi Bouzid qui s’est enflammé. Tout a commencé, dans cette petite commune située à 265 km au sud de Tunis, par un banal contrôle dans la rue. Mohamed Bouazizi, un jeune marchand de rues âgé de 26 ans, se voit confisquer ses effets par la police municipale pour commerce illégal. Bouazizi est un «diplômé chômeur», l’incarnation d’un gâchis. Celui de toute une génération incitée à poursuivre des études supérieures mais qui ne trouve pas d’emploi sur le marché du travail et à qui les portes de l’émigration sont fermées.
Ne reste donc que la débrouille : chauffeur de taxi, plombier, petit trafiquant, marchand ambulant… Furieux de ne pas pouvoir récupérer ses fruits et légumes, Mohamed Bouazizi s’est rendu à la municipalité, où il a été renvoyé sans ménagement. A la préfecture, on a refusé d’enregistrer sa plainte. Désespéré, le jeune homme a alors tenté de s’immoler par le feu devant cette dernière. Grièvement brûlé, il a été transporté à l’hôpital de Sfax puis dans un service spécialisé à Tunis.
Sit-in. Dès la nouvelle connue, plusieurs dizaines de commerçants et de jeunes se sont r