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Libération

Les groupes français partent en attendant des jours meilleurs

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Bolloré, Bouygues, Veolia ou Total ont été choyés par Laurent Gbagbo.
publié le 21 décembre 2010 à 0h00

Même Bolloré ! Hier, la poignée d'expatriés du groupe français restés sur le port d'Abidjan s'est réunie pour envisager un départ de Côte-d'Ivoire. Les Américains de Cargill et ADM, deux des principaux négociants du cacao, ont plié bagage. Comme bon nombre d'entreprises étrangères implantées dans le pays jadis le plus prospère de la région, premier producteur mondial de cacao. «Tout le monde est en train de s'en aller, confie l'un des derniers expatriés présents sur le port. Beaucoup m'ont donné leur signature pour que je puisse gérer leurs affaires en leur absence.»

Un retrait provisoire du groupe Bolloré aurait une forte dimension symbolique. Car l’entreprise est solidement implantée à Abidjan. En 2004, alors que le pays était coupé en deux, Laurent Gbagbo avait «cadeauté» l’homme d’affaires proche de Nicolas Sarkozy en lui octroyant, de gré à gré, le monopole des activités sur le port de conteneurs d’Abidjan, le plus important d’Afrique de l’Ouest. Un trésor de guerre qui lui permet d’engranger de substantiels profits. Bolloré possède aussi la Sitarail, la société qui gère la ligne ferroviaire entre Abidjan et Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.

Troisième pont. A couteaux tirés avec Paris depuis des années, Gbagbo a toujours veillé à ne pas toucher aux intérêts des groupes français. Au contraire, il les a fait fructifier, comme s'il espérait en faire une assurance-vie politique face à l'ancienne puissance coloniale perçue comme hostile.