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Libération
Reportage

Réélu, Loukachenko bâillonne l’opposition

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Biélorussie . Sur fond de violente répression, le chef de l’Etat sortant s’est arrogé 80% des voix, dimanche.
publié le 21 décembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 21 décembre 2010 à 8h42)

«Les barbares et les vandales resteront en prison, conformément à la loi.» Tonnerre d'applaudissements dans l'immense amphithéâtre du Palais de la République, en plein centre de Minsk. Alexandre Loukachenko, le visage sévère, trône sur scène et sermonne l'assemblée. Le Batko, le «petit père» de la nation biélorusse est déçu, ses citoyens ont osé contester son autorité et dénoncer les résultats de l'élection présidentielle de dimanche. Les chiffres sont pourtant éloquents : plus de 90% de participation et 80% des suffrages en faveur du président sortant, qui entame son quatrième mandat. Alors qu'importe l'Union européenne et l'OSCE, qui ont dénoncé hier la «dureté» de la répression menée par les forces spéciales de la police, Loukachenko reste maître chez lui.

Les semaines précédant le scrutin avaient pourtant laissé apparaître un certain assouplissement du régime. Les neuf candidats d'opposition avaient pu louer des salles pour tenir meeting et même faire de brèves apparitions à la télévision publique. L'«ouverture» a fait long feu. Dimanche soir, les spetsnaz - les forces anti-émeute de la police - chargent, matraque au poing, les dizaines de milliers d'opposants rassemblés devant le Parlement. Dans la foule, saisie de panique, certains sont roués de coups, plusieurs centaines de personnes sont arrêtées. La répression se poursuit toute la nuit, des locaux d'associations et de journaux sont perquisitionnés. Au matin, sept des neuf candidats sont en