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Libération
TRIBUNE

Des sanctions pour sauver Panahi

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publié le 23 décembre 2010 à 0h00

En incarcérant Jafar Panahi, les dirigeants iraniens ont déclaré la guerre à leurs artistes. Ils ont mis hors-la-loi leur cinéma qui était, et est encore, l’un des grands cinémas du monde. Ils ont mis hors-la-loi leur peuple ou, tout au moins, cette immense partie de leur peuple (celle qui, voici dix-huit mois, votait, en majorité, pour Moussavi) à laquelle Jafar Panahi était soupçonné de vouloir consacrer un film. Ils ont inventé un crime - l’intention d’un film - que même les staliniens n’avaient pas osé imaginer. Ils ont inventé un châtiment - vingt ans de bâillon, au terme des six ans d’emprisonnement - qui semblait n’avoir cours que sous les dictatures imaginaires d’Alfred Jarry ou de George Orwell.

Ils se sont mis au ban des nations. Ils ont signifié aux nations qu’au bout de la course folle dans laquelle ils se sont engagés, notre avis, notre jugement, notre éventuelle condamnation ne comptaient plus vraiment pour eux. Ils ont perdu la tête. Ils ont perdu l’amour de leur pays, de ses valeurs, de sa culture. Ils sont capables de tout, à partir de là. Ils sont dans une spirale de paranoïa et de démence qui peut déboucher sur une crise, une dissension, une implosion - mais aussi, hélas, sur le pire. Laisserons-nous ce pire advenir ? Assisterons-nous, impuissants, aux prochaines provocations de cet Etat devenu autiste ?

Et qui après Sakineh Mohammadi Ashtiani, qui après Jafar Panahi, qui après Blogfather, le blogueur condamné à dix-neuf ans et demi de prison pour avoir défe