En apparence, le paradoxe est flagrant : alors que le couvre-feu a été levé mardi soir à Abidjan, Paris a appelé hier ses ressortissants à quitter la Côte-d'Ivoire. Pourquoi cette dramatisation ? Les autorités françaises ont-elles eu des informations précises sur les menaces pesant à l'encontre des Français qui vivent dans l'ex-colonie ? L'Elysée dément toute «menace directe», renvoyant à la déclaration du porte-parole du gouvernement, François Baroin, qui a évoqué «une mesure de précaution et de prudence» au moment où nombre d'expatriés rentrent en France pour les fêtes. Berlin, Londres et Lisbonne ont aussi demandé à leurs ressortissants de quitter la Côte-d'Ivoire.
Sans appel. La décision de lancer cet appel alarmiste a été prise lors d'une réunion à laquelle participaient, hier matin à l'Elysée, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé (Défense), Michelle Alliot-Marie (Affaires étrangères), le chef d'état-major des armées et l'aide de camp présidentiel, ainsi que la cellule diplomatique de l'Elysée. Pour Paris, le discours de Laurent Gbagbo, mardi soir, ne laisse la place à aucun espoir de sortie en douceur de la crise. Certes, le couvre-feu est levé, certes Gbagbo entrouvre la porte à un «comité d'évaluation» international, dirigé par un Africain, en vue d'un «règlement pacifique de la crise», certes Alassane Ouattara et Guillaume Soro seraient «libres» de sortir de l'hôtel du Golf… Mais le message princi