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Libération
Reportage

A Abidjan , «il n’y a pas un jour qui passe sans rapport de décès»

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Tandis que les enlèvements se multiplient en Côte-d’Ivoire, les partisans de Ouattara vivent dans la terreur et l’ONU s’alarme.
publié le 24 décembre 2010 à 0h00

La nuit allait tomber quand ils sont arrivés à bord de deux 4 X 4 pick-up en tirant en l'air. C'était samedi dernier dans le quartier Angré, dans le nord-est d'Abidjan. Ils ont garé leur véhicule au milieu de cette rue poussiéreuse parsemée de maisons basses, de bars et d'échoppes. «En descendant de voiture, les hommes nous ont menacés en mettant leurs kalach sur nos cous et nous ont dit de ne pas bouger», se souvient un habitant qui sirotait un verre au café du coin et souhaite rester anonyme. Un jeune a pris peur et s'est réfugié dans les toilettes. Encore terrorisée, Gabrielle (1), une employée du bar, raconte la suite : «Les corps habillés [les militaires, ndlr] sont allés le chercher, ils l'ont pris et l'ont sorti dehors où ils l'ont tabassé. Juste à côté, ils en ont pris deux autres. Ils savaient qu'ils étaient là, car quand ils les ont trouvés, ils sont partis.»

Le jeune est resté, sonné. Les deux autres ont été embarqués. Depuis, on est sans nouvelle de Coulibaly Abdoulaye et Ouattara Brahim. Ils figurent parmi les victimes d’une guerre civile larvée dont le bilan s’est alourdi jeudi : selon les Nations unies, au moins 173 personnes ont été tuées entre le 16 et le 21 décembre. 90 cas de tortures et de mauvais traitements ont été rapportés ainsi que 471 arrestations arbitraires, dont certaines vers des centres illégaux et inaccessibles. Au moins 24 personnes sont également portées disparues, dont Coulibaly Abdoulaye et Ouattara Brahim.

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