«Je dors ici depuis trois jours : la file n'avance pas !» se plaint Rose, 23 ans, qui patiente sur le trottoir, pressée parmi 200 Zimbabwéens, devant le bureau de l'état civil à Johannesburg. Tous sont venus demander un permis de travail. L'Afrique du Sud a décidé de régulariser la situation des 1,5 million de Zimbabwéens présents dans le pays (un chiffre approximatif, car beaucoup sont clandestins). En avril, Pretoria a révoqué le système de cartes de séjour de trois mois qui leur était accordé. Ils ont jusqu'au 31 décembre pour obtenir un permis de travail, sous peine d'expulsion. «C'est une bonne chose, se réjouit Rose. On pourra ouvrir un compte en banque, et j'espère décrocher un meilleur emploi. Je suis comptable de formation, mais sans permis de travail, je n'ai trouvé qu'un boulot de domestique.»
Depuis le lancement de l'opération il y a trois mois, les fonctionnaires sud-africains sont débordés. Gabriel Shumba, du Forum des exilés du Zimbabwe, estime qu'au moins 750 000 d'entre eux veulent régulariser leur situation. «Certains doivent d'abord obtenir un passeport, et cela prend du temps. Nous demandons donc un report de l'échéance du 31 décembre.» Pretoria a offert une amnistie à ceux, très nombreux, qui ont obtenu une carte d'identité sud-africaine en se pliant à la corruption et aux employeurs clandestins. Les Zimbabwéens sont, en effet, très nombreux dans l'agriculture, la restauration et les emplois de maison, mais peu sont déc