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Libération
EDITORIAL

Parano

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publié le 28 décembre 2010 à 0h00

Vladimir Poutine l’avait annoncé, la justice russe l’a exaucé. Après avoir purgé sept ans de camp, voilà Mikhaïl Khodorkovski promis à une nouvelle peine maximale. Il y avait certes quelque ironie à voir un ancien oligarque se présenter lors de son procès tel un parangon de vertu. Khodorkovski n’est pas né de la dernière pluie. Il avait bâti à une époque aussi sauvage que libérale la première compagnie pétrolière dans une Russie postsoviétique où tous les coups étaient permis. Il avait profité, largement, de la privatisation incontrôlée des ressources naturelles. Mais il fut le seul à payer, largement.

Ce nouveau verdict est d’abord une déception. Il ne s’agit plus du seul acharnement du prince Poutine. Depuis des mois, le président Medvedev promet l’éclosion d’une nouvelle Russie, plus ouverte, respectueuse de l’Etat de droit, enfin engagée dans la modernisation du pays et la lutte contre la corruption. Le jugement du tribunal de Moscou sonne le glas de cet espoir libéral, au moins pour un temps. Et il donne la mesure du rapport de force : Poutine verrouille. Il ne veut aucun rival à moins de deux ans de l’élection présidentielle.

Ce verdict constitue aussi un signe de fébrilité. Les bénéfices d’une libération de l’ancien magnat semblaient l’emporter au moment où Moscou cherche à renouer avec les Etats-Unis et à renforcer ses liens avec l’Europe. Le sort de Khodorkovski n’est pas une cause populaire. Las, dans sa parano, Poutine a préféré fabriquer des preuves comme aux plu