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Libération
Interview

«Le silence a réduit les attentes de mes ravisseurs»

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David S. Rohde, du «New York Times», a été captif pendant sept mois sans que l’information ne filtre :
publié le 29 décembre 2010 à 0h00

Journaliste au New York Times, David S.Rohde, 43 ans, a été kidnappé en novembre 2008, par un groupe taliban près de Kaboul, et retenu sept mois en otage. Bien qu'il soit déjà célèbre aux Etats-Unis, récompensé par deux prix Pulitzer pour son travail à Srebrenica et en Afghanistan, pratiquement tous les médias américains taisent alors son enlèvement. En juin 2009, il réussit à s'échapper, avec son traducteur, et rejoint une base de l'armée pakistanaise au Waziristan (nord du Pakistan). Il raconte cette odyssée dans un livre à deux voix, rédigé avec sa femme, qui vient d'être publié aux Etats-Unis, A Rope and a Prayer (une corde et une prière).

Pourquoi votre enlèvement a-il été gardé secret ?

C’était la demande de ma famille. La plupart des experts américains pensent qu’il vaut mieux garder le silence lorsque l’on est face à des groupes militants. L’attention des médias ne fait qu’accroître les attentes des ravisseurs et le montant des rançons demandées. Mes ravisseurs croyaient qu’une rançon de 38 millions de dollars avait été versée pour la libération d’un travailleur humanitaire français en Afghanistan. C’était faux, mais ils vivaient dans un monde de rumeurs et voulaient obtenir davantage encore. Mon enlèvement était aussi pour eux un moyen d’accroître leur prestige face à d’autres chefs talibans.

Le silence a-t-il aidé dans votre cas ?

Le silence a aidé, même si ce n'est pas cela qui a permis ma libération. Le silence a permis de réduire les attentes de mes ravisseurs. Ils avaient tourné des vidéos de moi et se plaignaient que personne ne les