Une immense affiche d’Alassane Ouattara claque au vent tiède, sur un podium désert, au milieu d’une pelouse. Ici devait avoir lieu la fête d’intronisation du nouveau président. La pelouse est devenue l’héliport de campagne de l’hôtel du Golf, où sont assiégés le président élu, son gouvernement et plusieurs centaines de ses partisans. De là partent et arrivent les hélicoptères de la mission des Nations unies en Côte-d’Ivoire (Onuci).
Car on n’accède au «Golf» que par les airs. Les forces de sécurité de Laurent Gbagbo ont verrouillé toutes les routes menant à cet établissement du quartier résidentiel Riviera, qui donne sur la baie de Cocody. Parfois, l’armée «loyaliste», acquise à Laurent Gbagbo, interdit l’accès de l’hôtel aux convois de réapprovisionnement et aux ambulances. Le Golf est donc un îlot. Ce cinq étoiles fatigué aux façades ocre a été reconverti à la hâte en mini-palais présidentiel d’un Etat assiégé, défendu par 800 Casques bleus depuis le 16 décembre.
«Roublardise». La semaine dernière, Adou Félicien, assis dans le hall de l'hôtel, souhaitait aux visiteurs la bienvenue dans la «République». Très occupé par une partie de huit américain avec ses deux compères, Ibrahim et Konaté. La conversation va bon train, entre des amis raillant la «roublardise et la folie de Gbagbo», qui a annoncé que les occupants de l'hôtel du Golf étaient libres de leurs mouvements. Passe un militant du Rassemblement des républicains (RDR), le parti de Oua