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grand angle

Haïti. Ripailles de ripoux

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En 2008, à Port-de-Paix, des policiers et des magistrats tombent sur le magot d’un gros bonnet de la drogue et se servent, très largement. Le scandale court toujours.
publié le 3 janvier 2011 à 0h00

Port-de-Paix, ville d'Haïti d'environ 120 000 habitants,et ses plages blanches comme du sucre, est le lieu de tous les trucages, de tous les escamotages, de tous les trafics et de toutes les misères. Il y a un maire fantôme qui est plus souvent à Miami qu'en mairie, deux bordels, cinq dancings et trois hôtels gardés par des hommes armés d'un Remington calibre 12. Au port, la douane ferme à 16 heures et rouvre à 10 heures le lendemain. En face, sur l'île de la Tortue, «trois flics sur un hamac», précise, vachard, un observateur de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti.

La Tortue est sous la coupe d'un type du nom d'Alceres Jean. Un promoteur immobilier. Ça, c'est pour la façade. Le bonhomme, recherché pour trafic de drogue, va et vient en toute impunité. Entre Port-de-Paix et l'île un bras de mer avec, posé au milieu, un bateau des gardes-côtes américains. Autant dire que Port-de-Paix est une ville où l'Etat haïtien est depuis longtemps tombé en poudre sèche. Aujourd'hui, le taux de mortalité dû au choléra est de deux pour mille habitants dans la région. Le mois dernier, un bateau de pêche a coulé en pleine nuit avec vingt-deux clandestins. «Comptez 45 dollars sur ces bateaux pour un voyage vers une mort certaine», assure le pasteur évangéliste Tony Vernio.

Le mercredi 12 novembre 2008, sur les coups de 16 heures, à quatre kilomètres à la sortie de Port-de-Paix, quand on prend plein est en longeant la mer et les chalutiers échoués, au lie