Bientôt, son chapeau, offert par George W. Bush, sera célèbre. Le 9 janvier, Salva Kiir verra s'accomplir le rêve de toute une vie : conduire le Sud-Soudan à l'indépendance. Ce jour-là, 8 millions de Sud-Soudanais sont appelés à voter sur l'avenir de ce qui n'est pour l'instant qu'une région autonome du plus vaste pays d'Afrique. Le résultat ne fait aucun doute tant le souvenir des sanglantes guerres civiles (1955-1972 puis à nouveau de 1983 à 2005) avec le pouvoir central du Nord, incarné par la capitale, Khartoum, reste cuisant chez les sudistes : 2,5 millions de morts en vingt-cinq ans, un niveau de développement proche de l'âge de pierre alors que l'essentiel du pétrole soudanais se trouve au Sud, des pratiques esclavagistes qui perdurent, la charia imposée aux chrétiens et aux animistes… Cinq années de transition, durant lesquelles le Nord a partagé - plutôt mal gré que bon gré - le pouvoir et la richesse (essentiellement pétrolière), n'ont pas suffi à convaincre le peuple sudiste des bienfaits de l'unité. Le Sud-Soudan sera donc le 193e Etat membre de l'ONU. Et Salva Kiir Mayardit - son nom au complet - son incontestable président.
Pourtant, Kiir n’était pas destiné à de telles responsabilités. Guérillero dès l’adolescence, il n’a connu que les duretés du bush et n’a pas eu l’occasion de mener des études à Khartoum ou aux Etats-Unis comme son mentor, John Garang, fondateur et chef historique du SPLM, le Mouvement de libération populaire du Soudan. Le décès de