Augmentera, augmentera pas ? Depuis une dizaine de jours, les Boliviens suivent avec angoisse les annonces contradictoires de leur gouvernement relatives à une éventuelle hausse des prix du carburant. Malgré l'abandon du décret 748 augmentant le prix de l'essence, après de véritables scènes d'émeutes qui ont secoué la capitale en milieu de semaine dernière, les autorités ont annoncé dimanche que les prix augmenteraient, mais dans le cadre d'un «dialogue avec le peuple». Dans sa déclaration, le vice-président, Alvaro Garcia, s'est cependant bien gardé de mettre une date sur la hausse des tarifs.
Le premier épisode de cette crise entre la population et le président socialiste, Evo Morales, se joue le 26 décembre, en pleine trêve des confiseurs, lorsque Morales décide d'augmenter de plus de 80% les prix du carburant. Les tarifs (40 centimes d'euro le litre de diesel, par exemple) sont jusqu'ici maintenus, à grands renforts de subventions publiques, à un niveau trois fois inférieur à celui pratiqué par les pays voisins. Ce qui incite à la contrebande vers le Pérou, le Chili ou le Brésil, et devrait occasionner un trou de 380 millions d'euros dans le budget de l'Etat en 2011. Grande productrice de gaz, la Bolivie importe en effet une bonne partie de ses besoins en produits pétroliers, essentiellement du Venezuela et d'Argentine. Elle consomme l'équivalent de 35 000 barils de brut par jour et n'en a produit que 4 500 par jour l'an dernier. «C'est une véritable saignée