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Analyse

Les politiques français, en toutes amitiés

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La complaisance de Paris envers le régime est partagée par nombre d’élus.
publié le 5 janvier 2011 à 0h00

La Tunisie, pays ami ? Vu de l’Elysée, le slogan publicitaire reste d’actualité. On peinerait en effet à trouver la trace d’une rupture voire d’un infléchissement dans la politique française envers son ex-protectorat : Mitterrand, Chirac, Sarkozy, les présidents passent, «l’amitié» demeure. Choyé sous Bourguiba pour sa modération et sa modernité, le régime tunisien a continué à bénéficier sous Ben Ali d’une exceptionnelle bienveillance. C’est que Paris, en perpétuelle délicatesse avec l’Algérie, ne veut pas se fâcher avec une autre de ces ex-colonies au Maghreb, bon élève de surcroît en matière de lutte contre l’immigration clandestine.

Jacques Chirac avait résumé crûment son opinion quant aux violations des droits de l'homme dans le pays, lors d'une visite en décembre 2003 : «Le premier des droits de l'homme, c'est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat», avait-il répondu à des journalistes qui l'interrogeaient sur la grève de la faim menée par l'avocate Radhia Nasraoui pour protester contre le harcèlement permanent dont elle fait l'objet. Nicolas Sarkozy va encore plus loin, rétorquant à ceux qui lui font remarquer que le régime Ben Ali est de plus en plus infréquentable : «Souhaitez-vous à la place un régime taliban au sud de la Méditerranée ?» La comparaison est fallacieuse, mais elle plaît à l'électorat de droite. Peu importe si le parti islamiste tunisien Ennahda, interdit au début des années 90, est plus proche de l'AKP turc q