C’est l’assassin qui a eu l’honneur des pétales de roses, des fleurs, des guirlandes et des ovations lorsqu’il a été présenté mercredi devant un tribunal antiterroriste de Rawalpindi. Sa victime, Salman Taseer, le gouverneur de la province du Pendjab et sans doute l’homme le plus courageux du Pakistan, n’a pas eu droit à des funérailles de héros. Ni le président, Asif Ali Zardari, qui était son ami et son allié politique, ni le leader de l’opposition et ex-Premier ministre, Nawaz Sharif, ni tant d’autres responsables, n’ont voulu assister aux prières funéraires pour celui qui avait osé dénoncer l’inique loi sur le blasphème. Il s’agissait pourtant du crime politique le plus important au Pakistan depuis la mort, en décembre 2007, de l’ancienne Première ministre Benazir Bhutto, tuée dans un attentat revendiqué par les talibans pakistanais.
Menaces. La classe politique du pays était déjà renommée pour sa légendaire corruption. Elle le sera désormais aussi pour son manque de courage. La plupart des ministres ont même refusé de faire le moindre commentaire, à l'image du chargé des Affaires étrangères, Shah Mahmoud Qureshi, n'osant même pas condamner l'extrémisme religieux. La palme revient au ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, qui s'est dit prêt à tirer lui-même sur un blasphémateur. Un deuil national de trois jours a cependant été annoncé par le Premier ministre, Youssouf Raza Gilani, l'un des rares responsables politiques, à avoir bravé les menaces des relig